Quand on a toujours été obèse...

Bonjour,

Première véritable question que je me permets de poser sur le forum.

Je suis dans les balbutiements des démarches en vue d'un bypass. J'ai toujours été obèse, depuis mon adolescence. Il n'y a que dans l'enfance où je ne l'ai pas été. J'ai mal vécu mon adolescence (les insultes et mon mal-être faisaient partie de mon quotidien), un peu au point d'avoir encore et toujours cette impression de n'en avoir pas profité et d'avoir perdu du temps. Il n'y a qu'à 21/22 ans où j'ai fini par tolérer mon corps, et ça fait facilement 1 an que je n'arrive plus à l'aimer. D'où l'opération envisagée...

Mais j'ai une question (parmi un tas d'autres, mais celle-là me semble un peu prioritaire)... Chaque obèse a un parcours de vie différent, et j'aurais aimé savoir comment peut s'appréhender une grosse perte de poids quand on a toujours connu l'obésité sans avoir aucune référence de soi-même dans un corps plus "normalisé".

Je sais ce que je suis comme personne et ce que j'ai toujours été, mais je ne sais absolument pas ce que je serais après une grosse perte de poids. Je suis à la fois hyper curieuse de connaître cette personne que je pourrais être, mais aussi terrorisée, ne sachant pas à quoi m'attendre. J'ai passé plus de 20 ans de ma vie à subir les brimades, les moqueries et la stigmatisation de la société. J'ai toujours eu une grande méfiance vis-à-vis des gens, n'ayant jamais vraiment cru à mon "potentiel" (puis bon, quand à 15 ans tu passes tes soirées du samedi à te "battre" avec les minots qui font, pour rire "mon pote y veut sortir avec toi"... faut pas s'étonner si à 25 ou même à mon âge actuel on n'y croit jamais même si ça s'avérait vrai). En somme je m'étais constitué une sorte de bulle de sécurité. Bulle qui risque fort bien d'être ébranlée et envahie. Ressentant généralement les envahissements de ma bulle comme une agression, j'ai bien peur que ça devienne ingérable avec une grosse perte de poids et que je me sente agressée non stop.

J'aime à croire que ma personnalité ne changera pas, que mon entourage et l'inconnu ne sera pas plus envahissant que maintenant... Mais j'ai comme un doute ^ ^.

Si des filles ici (voire des hommes... même si ma question tourne surtout autour des diverses sollicitations et que les hommes en font plus que les femmes, surtout dans la drague) avaient toujours connu l'obésité avant leur opération quelle qu'elle soit, je serais vraiment ravie de voir quel a été leur parcours de ce point de vue-là.

Est-ce que je me fais des idées ? Est-ce que ça sera vraiment aussi horrible que je le pense ou bien est-ce que ça sera compensé par une prise de confiance en moi ?

Beaucoup on des problèmes avec leur image après une grande perte de poids, qu'on ai été toujours obèse ou non. Perso avec un régime j'ai perdu 45kg en 8 mois.. je les ai tous repris. Pourquoi? parce que je me voyais encore énorme quand je me regardais dans la glace, je voyais des bourrelets de partout.. pourtant j'étais à 65kg pour 1m71.. Je suis retombée du coup dans mes problèmes alimentaires, j'ai rechuté dans l'hyperphagie jusqu'à remonter à 121kg! Et c'est à ce moment là que j'ai réalisé qu'en fait à 65kg j'étais vraiment bien!
Pour ne pas faire la même erreur cette fois ci je fais plein de petits trucs banals mais qui aide, genre je prend des photos en sous vêtements tous les -10kg et je les mets les unes à coté des autres pour vraiment réaliser la différence. Puis on m'organise entre amies, des séances photos avec robes, talons, maquillage, coiffure.. pour que j'essaye de me trouver bien.. puis lorsque j'aurais perdu tout le poids que je souhaite, on m'a conseillé une séance relooking pour apprendre à m'aimer et à connaitre mon corps.
Après parfois de voir un psychologue ca peut aider, perso j'en vois une tous les 6 mois à la clinique où j'ai été opérée.

Alors ça, c'est un tres tres bon post ; car cela me fait peur aussi !!!!!!
Je suit !!!

Merci Elody.

L'image de soi ne fait que rajouter encore plus à ma crainte. S'appréhender soi-même exige forcément beaucoup de travail après une telle perte de poids, de ce côté-là je sais déjà que je devrai énormément travailler là-dessus. Il y a 3 ans environ j'ai perdu un peu plus de 15 kilos avec un régime, le poids sur la balance après cette perte était vraiment une frontière entre le poids que j'ai toujours vécu "ado/adulte" et un truc totalement inconnu et je me demande souvent si c'est ma peur de l'inconnu qui avait fait capoté les choses (j'ai fini par tout reprendre, forcément). Cela dit ma vision de mon corps était toujours la même, j'étais toujours aussi grosse.

Ce qui ajoute encore à ma crainte, c'est vraiment le ressenti qu'il pourrait y avoir face "aux autres". Mon obésité était un "repousse-cons" assez efficace, mais en quittant celle-ci je perdrai aussi cette sorte de barrière, non ? Ou alors c'est une idée tout à fait préconçue ?

à la base je ne pensais pas vraiment à l'image de soi, mais en te lisant et en réfléchissant, c'est forcément lié à celle qu'auront "les autres". Maintenant, c'est savoir dans quelle mesure précisément?

chrysalide84 je vois que ce n'est plus qu'une question de jours, quasi d'heures pour toi. Je n'ose imaginer les tonnes d'hésitations et questions qui doivent te passer par la tête

Coucou ! Moi j'ai toujour été obese depui mon enfance et j'ai envisager cette opération pour etre ... en bonne santée c'est tout.

J'ai toujour eu une image de moi tres positif et je suis une tres bonne vivante, donc j'ai une mini-bulle ( oui desfoi on peut pas rester hermétique a toute les remarques ) mais je vais pas forcement bcp t'aider mais tu fait l'opération pour toi, pour ta santé, et le regard des autres , ben tu t'en fou !

En fait les gens si il voyent que t bien ils viendront te voir, si ils voyent que t pas bien il viendron pas mais je pense et quand tu te verra perdre tout ses kg qui te bouffent la vie actuellement que tu prendra une bonne dose de confiance en toi et que tu ira mieu avec ta bubule

Ninie a raison, je pense qu'en perdant du poid, on reprend peut a peut une certaine confiance en soi. Et ma belle sœur qui a perdu beaucoup de poids elle, dit qu'en devenant "mince", les gens la considéré autrement !!! Qu'elle avait pris en interet on va dire !!!!
Elle me dit que des gens qui ne lui parlé jamais avant se raproche d'elle aujourdui !!!!!
C'est fou quand meme !!!!!
Quoi qu'il en soit, je ne pense pas que l'on puisse savoir a l'avance comment on va gérer tout ça, mais ce qui est sur, c'est que ça sera pour la bonne cause !!!!!

Comme tu dit miss-la, ça approche, et en meme temps le stress aussi !!!! loool
Mais je reste impatiente !!!! Pour moi jeudi c'est loinnnnn !!!!!!

j'ai vécu quelque chose de similaire avec en plus une situation familiale désastreuse
j'ai eu beaucoup de mal a accepter le regard d'un homme
me dire que je puisse être abordée
que dire si ce n'est que du coup ne pas être descendue a un poids hors obésité ! me va tres bien 75kg sont pour moi satisfaisant pour m'habiller m'acheter des vetements ce que je ne faisais jamais avent
perdre du poids c'est aussi se perdre , je ne me reconnais pas dans cette image aujourd'hui

Je pense que niveau caractère on ne change pas forcément, ou peut-être qu'un petit peu. Mais je pense que lorsque l'on a été obèse, qu'on a souffert de certains regards, de certaines réflexions on se forge une certaine personnalité, on est peut-être plus compréhensive que d'autres envers les différences des gens.. on a je pense beaucoup de qualités (mais aussi des petits défauts comme tout le monde lol).

pour l'histoire de "repousse-cons" lol si des imbéciles viennent plus facilement vers toi parce que tu es mieux physiquement alors que ces mêmes personnes ne venaient pas lorsque tu étais en surpoids, tu les envois balader tout simplement. Apprend à connaitre d'autres personnes qui t'accepteront comme tu es. Perso j'ai pas changé de cercle d'amis. Certaines filles venaient me parler alors qu'au lycée elles ne m'adressaient pas la parole car je n'étais pas à la dernière mode, ou bien physiquement comme elles elles l'étaient, et bien je n'ai pas chercher à davantage leur parler car je préfère les gens sincères qui ne jugent pas sur le physique. Ces personnes qui n'ont jamais eu de réflexions à cause de différences physique ont quelque chose de moins que nous bien souvent.. elles ne sont pas toujours compréhensives et ouvertes. (je dis pas que toutes sont comme ca)

Je m'incruste!
Aujourd'hui, Je fête mon 25ème kg perdu et je dois dire que : OUI le regard des gens change.
Certains sont bienveillants d'autres un peu moins... Une chose est sure c'est que l'on prend en assurance (en tout cas pour ma part). J'ose dire non au boulot ou quand une situation me gonfle je l'exprime et je dois dire que cela me fait un bien fou parce qu'avant je me serai jeter sur la nourriture pour faire face.

Ces changements qui s’opèrent en nous se font tellement progressivement que l'on ne s'en rend pas compte tout de suite, je prends aussi des photos chaque semaine pour voir le avant aprés parce que toute seule devant ma glace mes bourrelets sont toujours là...

L'opération fait apparaître une nouvelle facette de nous que nous ne connaissons pas et je trouve que c'est ça le plus flippant : qui suis-je sans tout mes kg? une fois qu'on atteint le poids souhaité, à quoi pense t-on ?

Une aide psy peu sans doute nous aider à trouver les réponses ou des débuts de réponses...

Gpech c'est exactement cette question qui m'obsède souvent: "qui suis-je sans tous les kilos". Dans les bons jours c'est que du positif, mais dans les mauvais jours j'imagine le pire...

avec tous les kilos, et en lien plus ou moins direct avec eux, j'ai des traits de personnalité qui valent la peine (notamment la compréhension de la différence), mais là je crois que ça ne changera jamais mais d'autres qui pourraient évoluer dans un sens ou l'autre. Avoir toujours subi des brimades sur le poids, ça ne "forge" pas le caractère, ça ne rend pas plus fort ni rien du tout, ça le transforme et plutôt négativement, j'en suis persuadée.

quoi qu'il en soit, je pourrais éventuellement envisager un suivi psy, mais j'envisage ça trèèèèèèèès à reculons. J'ai toujours estimé que mon cas n'était pas "soignable", au mieux améliorable mais je ne vois pas ce qu'un psy m'apporterait comme amélioration.

du coup, j'ouvre encore un autre questionnement dans ma tête... Quelle est la part de mon caractère qui est "innée" et quelle est la part qui a été générée ou modifiée à cause de mon vécu d'obèse ? Je m'auto-perturbe encore plus du coup ^ ^.



cannelle, même si dans les fantasmes j'imagine un corps de sylphide et évidemment que ma vie changera radicalement d'un point de vue relationnel, quand ma raison reprend le dessus, je me rends compte que je ne voudrais pas perdre tout mon surpoids. Et en quelque sorte, pouvoir conserver une certaine barrière et donc mes "automatismes" face aux "intrusions" dans ma bulle.


pour les photos j'en prends déjà régulièrement de moi-même (avec toujours l'impression que ce n'est pas moi, étant donné que les photos que d'autres prennent, je me vois 2 fois plus grosse), je présume que ça fera partie du cheminement si je me fais opérer.

***

c'est vraiment l'estime de soi , la compensation des difficultés de vie par la prise de poids dont il faut se méfier
quand on perds son poids on perds ses défenses et du coup c'est là que le psy est une aide
perdre du poids au risque de faire une dépression c'est le pourquoi de la necessité du suivi !

Il parait c'est vrai qu'une foi qu'on es devenu mince, on a plus de crédibilité ....

Bref malheureusement le pb, c'est que chaque personnes et différentes et vie différement la situation, ne surtout pas oublier d'ou on vien, qui on a été et qui ont souhaite devenir quelque soit la morphologie que l'on a ou aura !

Apres je doute que ces question se résoue sur un forum qui es de tres bon conseil ceci dit mais dans certain cas seul un psy ( un vrai ) peu aider !

Courage

Bonjour tout le monde !
Pour ce qui est des changements et de l'acceptation de notre nouveau corps, je n'envisage pas d'arrêter de voir mon psy. Je sais que j'en aurai besoin d'ici quelques mois (même semaines). Je ne pensais pas non plus qu'un psy pourrait m'aider, mais je me suis dit que si ça ne marchait pas, j'aurais au moins eu le mérite d'essayer ! J'ai commencé à le voir pour des problèmes de comportement alimentaire (boulimie, hyperphagie, anorexie...). Maintenant je me sens bien mieux par rapport à ça, et c'est en partie pour ça que je me sens prête à me faire opérer !

Alors pour mon cas, 70kg en 1 an et demi

Bonsoir je me joins à vous les filles! effectivement l'obesité et la solitude ou une part de repli sur soi et de distance par rapport au monde qui nous entoure est tjrs là de facon plus ou moins prononcé.

Miss-la : Je rejoinds les posts de Ninie... la chirurgie est une affaire de medecine et tu l'envisage dans le cadre de ta santé. Ce que je ressents à travers tes posts c'est que tu fais de ton oibésité une personne un cocoon dans lequel tu as peur de t'ouvrir... Je pense qu'il faut d'abord que tu fasses un acheminement personnel pour accepter que tu es une personne a part entiere, tu existe ( tu as un prenom, un parcours scolaire, pro, une famille, des valeurs etc ) et ton obésité tu dois t'en detaché . Tu prends en considération le regard des autres avant meme de te donner de la valeur... c'est pour cela qu'une personne disait plus haut " si tu es qqun de bien , joyeux etc on viens plus facilement vers toi, à l'inverse tu es plus facilement criticable"... Je pense que ton problème et deja prendre de la distance par rapport à ton vécu pour etre enfin prete à te construire toi et ta nouvelle vie... c'est bien beau de vouloir changer mais faut en etre capable... Certes le psy est là pendant le parcours mais faut deja en essuyer une partie avant pour eviter l'embouteillage psychique/regrets/dépression...
Je pense que lorsqu'on arrive à pousser la porte du chirurgien c'est qu'on en a marre de subir son corps d'obese, la chir est un moyen radical certes d'y parvenir mais c'est aussi un contrat moral avec soi-même de vouloir aboutir à celle qu'on aspire au plus proche de nous... car il y a le suivi diet à vie ainsi que le suivi psy...
Si tu te sents dans un cocoon dans ta bubulle ... la chir ne va pas te solutionner le probleme allez COURAGE c'est tout un travail mais quand on y arrive on ne peut qu'avoir confiance en soi!

Pi-Plette ! Bravo pour ta perte! Objectif atteind! enfin presque lol
Niveau des amours c'est pareil c'est en berne mais en même temps je positive pas besoin de plrs hommes un seul et le bon suffira alors autant être prete à l'accueillir
J'ai eu des petites histoires, mais les hommes qui sont là par fantasmes sur les rondes OUST! pas besoin d'etre en couple ca fait pas du bien!

Allez courage a toute la vie est un long combat avec ces hauts et ses bats mais faut s'en donner les moyens d'y arriver....

Moi j'ai atiré dans mon panier un homme qui es toujours sorti avec des bombasses et qui a flashé sur ma façon d'etre, ma façon de voir les choses et surtout il a vu que j'était a l'aise avec moi meme ( malgré mes 130kg ! ) et du coup il a été attiré par ce que j'était !

depuis sa fait 4 ans qu'on es ensemble et il a meme été déçu quand je lui ai dit que j'alais me faire opéré , meme si il m'a accompagner partout dans mes démarches bien sur !

Bon je suis sure que sa va pas lui déplaire aussi apres, mais pour vous dire que si on se sent bien avec soit meme déja sa laisse la porte ouverte aux autres mec comme amis !

L'opération on la fait pour sa santé et soit meme, pas pour changer le regard des autres !

Exactement ! Et que ta belle histoire continue... J' ose espérer un jour rencontrer une personne qui m' accepte avant tout pour ce que je suis que ce que je represente... Une telle opération/ engagement dans la chirurgie c'est aussi quand on se distance du regard des autres on le fait pour sa santé je te rejoins Ninnie!

Je viens de lire cette discussion et ce que j'en retiens, c'est que c'est inévitable de changer après une telle opération.
Pour ma part, je n'ai pas toujours été obèse, je sais qui je suis quand je suis plus mince.
Je sais ce que mes kilos changent et ce qu'ils cachent.

Je n'ai jamais eu non plus de véritables problèmes pour vivre des relations avec les hommes, et ceux malgré mon poids, d'ailleurs c'était peut être même plus dur avant.

Cependant, la ou je ne rejoints pas certaines d'entre vous, c'est qu'on ne fait pas cette opération que pour nous, c'est un leurre de penser ça à  mon avis.
On peut assumer les regards des autres quand on est forte, oui, mais ne me faites pas croire que d'être plus regarder ne vous intéresse pas.
Quand on est gros, on peut avoir une vie amoureuse, on peut tout faire finalement, mais je reste persuadé qu'on se sent mieux lorsque justement on est plus dans "la norme" même si ca ne me plait pas de dire ça.

Elle existe la norme, chaque jour et dans tous les domaines, notre société est comme ça.
On a toujours besoin de se comparer a quelqu'un, pas forcément dans le physique d'ailleurs.

Il fait du mal le regard des autres, et parfois on ne veut pas le voir alors on dit qu'on l'assume, mais si l'on est tout a fait honnête, je ne vois pas qui peut dire qu'il ne compte pas du tout.

Faire ce genre d'opération pour sa santé c'est  très important. Mais je crois que ce que l'on recherche aussi, c'est un mieux "être", une meilleure relation avec soi-même et son image, mais son image sans le regard de l'autre on en fait quoi ????

je trouve cette phrase es vrai et dit vraiment beaucoup de chose "qui suis-je sans tous les kilos" je pense que beaucoup de personne se pose cette question ! mois je repondrai qu'on reste la méme mais avec une plus grande confiance en soi et surtout cette carapace en moins !!!

à côté de la santé physique, je dirais de toute façon qu'il y a aussi la santé mentale (et étant donné qu'il existe un lien très fort entre les 2 - on m'a toujours dit que le mental y était pour beaucoup dans la guérison de cancers). Sinon, je rejoins chou sur les points développés. Parce que l'image de soi, on en a conscience uniquement par la société et donc par les autres. Les animaux n'ayant pas cette conscience ne s'en sont jamais souciée, de la leur.



myriam-11, avant le pavé qui suit, si j'aborde cet aspect-là, plus le mental que le physique, c'est parce que, finalement, c'est le seul sur lequel j'ai un pouvoir et aurai un pouvoir si je suis opérée, et ce pendant un bon moment. Je ne suis pas forcément quelqu'un d'optimiste, je pense toujours à ce qui pourrait être pire, du coup je ne suis pas déçue par les résultats des choses que j'entreprends. Ce qui m'effraie, c'est de perdre les pédales, et de voir certains "codes relationnels" changer trop brusquement (tant avec moi-même qu'avec les autres... si c'est pour avoir 100% de chances de me détester avec des kilos en moins, alors autant continuer le status-quo... qui risque de ne pas durer des années, parce que le monde me pèse, et ma vie va droit dans le mur). Maintenant, il est sûr que je mets la charrue avant les boeufs, que j'ai l'air de voir une catastrophe poindre, mais quand je pèse le pour et le contre, juste de ce point de vue mental, je suis tout à fait prête à prendre le risque, et finalement, des interventions dans ce sujet, il en ressort assez clairement que c'est moi qui suis un peu trop catastrophiste. Je suis quelqu'un qui réfléchit énormément, trop, qui rêve même d'avoir un côté plus naïf, moins paranoïaque... (d'où parfois certains paradoxes dans mes interventions, je m'en excuse par avance).

le gros problème ces derniers mois, depuis plus d'un an, c'est que je me suis enfermée dans cette obésité qui, jusqu'alors, ne m'avait jamais empêchée de vivre à fond. Jusque là, je m'aimais (depuis mes 21/22 ans jusqu'à mes 30/32 ans, l'adolescence se résumant à 10 ans gâchés), réellement, tout ce qu'on peut s'aimer normalement (même si j'aurais préféré être de corpulence plus normale, mais obèse ou mince, on ne s'aime jamais totalement je pense, et y'a des jours avec et des jours sans), et la santé ne me tracassait pas trop, j'avais bien le temps de voir venir les soucis: concerts et festivals (dans un milieu où justement l'obésité n'est pas un atout), shopping, vie sociale sans trop y aller à reculons (cela dit, j'étais une enfant certes mince mais surtout timide, du coup la vie sociale n'est pas toujours une évidence complète et ne le sera jamais). Mon corps, j'en avais fait une sorte d'ami, je collaborais avec lui et j'ai toujours considéré qu'il n'y a qu'en agissant comme ça que je pourrais un jour envisager autre chose pour lui. Il n'était pas du tout un frein dans ma vie, à tous points de vue. Mon célibat n'est pas dû à mon corps, mais à mon être.

Mais plus ça avance, plus j'ai l'impression d'étouffer dans ce corps à tous points de vue. Il est devenu un réel frein dans ma vie: je n'arrive plus à me bouger (pourtant le sport j'en ai fait y'a 1 an, 3 fois semaine en salle), je n'ai plus de courage, et socialement aussi il est devenu plus que pesant. Et aujourd'hui, quand je restreins la nourriture, ce n'est même plus dans l'espoir de maigrir de moi-même mais bien de ne plus grossir...

Quelqu'un plus haut a dit qu'on faisait l'opération pour soi et non pour changer le regard des autres... C'est justement, dans une moindre mesure me concernant, parce qu'on ne pourra pas changer le regard des autres qu'être obèse ne m'est plus forcément tolérable à long terme. Je viens de passer ces derniers mois à "militer" (je n'ai jamais compris les gens qui se disaient ouverts vis-à-vis des homos par exemple, et qui traitaient les gros comme des sous hommes sans volonté), et je m'y suis usée moralement. Toutes les années où mon corps était un pote, j'ai aussi milité contre la chirurgie, pour s'aimer tel qu'on est sans vouloir changer. Mais aujourd'hui, je ne me leurre plus... je n'ai jamais croisé personne, à plus d'un an, avoir regretté son opération (sauf si la santé en a été gravement mise en péril). Comment puis-je encore imaginer m'aimer dans cette société-là, qui même avec toute sa tolérance, rend l'obèse hors norme (mobilier pas adapté, assurances en fonction du poids malgré une santé meilleure qu'un mince etc), du coup ? (enfin, c'est totalement un autre débat, mais je n'aurais jamais cru que, assumée comme j'étais, je pourrais autant m'esquinter à me frotter aux... aux cons, en fait)


au final, ce que je retire de la discussion, c'est que oui le caractère peut évoluer, mais apparemment pas du tout dans les extrêmes. Et ça me rassure, dans un sens. Il y a juste cette crainte, une goutte d'eau dans l'océan de l'obésité, liée aux "intrusions" dans ma bulle. Au final, si mon côté "solitaire assumée" me permet de ne pas avoir à lutter contre un doublement ou triplement de ces intrusions en changeant d'aspect extérieur, ça me conviendra tout à fait.


En fait, contrairement à beaucoup qui se rêvent en bombasse post-op, c'est la chose qui m'effraie le plus, d'en devenir une  Mon envie c'est de simplement moins sentir sur mes épaules le poids de mon obésité, tant sur mon corps que sur la pression sociale (je ne sais pas ce qu'il en est, mais une grosse qui n'a pas à se battre avec les meubles, qui peut entrer dans les magasins autres que ceux estampillés grande taille, qu'on ne va pas envoyer dans une clinique pour chevaux pour un scanner, doit forcément se sentir plus socialement intégrée que quelqu'un comme moi).

(PS: grosse ou ronde, j'utilise vraiment indifféremment les 2 termes, sans aucune connotation pour l'un ou l'autre, juste ce qu'ils veulent dire comme on dirait blonde )

promis je ferai moins long la prochaine fois