Coucou Saki333,
Je comprends très bien tes problèmes de grignotage, et crois-moi, si tu n'habitais pas si loin, je te proposerais avec grand plaisir sorties, shopping, ciné (... et resto ?)
Ton problème de grignotage n'est sûrement pas si grave que ça, simplement chronique. Le simple grignotage n'a rien à voir avec les troubles du comportement alimentaire. J'en sais quelque chose, il y a quelques années j'avais pris rdv dans une clinique spécialisée dans ces troubles, et dès le 1er questionnaire le médecin m'avait rassurée. Ce genre de grignotage compulsif est fréquent chez les personnes en surpoids et n'a rien d'un trouble. Je suis sortie du rdv rassurée et ... dépitée... si mes grignotages n'étaient pas assez "graves" pour eux qui pouvait m'aider alors ?
Quelques années plus tard j'ai consulté une psychologue spécialisée dans les troubles du comportement alimentaire et j'ai remis sur le tapis ces grignotages permanents. Je lui ai également parlé de mes rapports difficiles avec la nourriture. Il me fallait à l'époque un temps infini pour faire mes courses, je tournais en rond dans le magasin, essayant de faire le tri entre ce qui ne fait pas grossir et n'est pas trop cher (étudiante donc pas un rond). Je passais un temps fou à lire les étiquettes et comparer les prix
J'étais arrivée à un point où je pensais que manger quelque chose que je n'aime pas était bon pour ma ligne (si les autres en mangent et qu'ils sont minces c'est que ça doit être bien).
Et bien malgré tout ça et à mon grand étonnement, la psy m'a dit que je n'avais pas du tout un trouble du comportement alimentaire ! Elle m'a expliquée que chez les personnes qui avaient subi (et je pèse mes mots) un ou plusieurs régimes et ne parvenaient pas à maintenir un poids de croisière, dans lequel elles se sentaient bien, développaient ce genres de comportements, qui n'avaient rien à voir avec l'anorexie ou la boulimie, mais qui étaient pour autant très handicapants, car peu reconnus.
Elle m'a demandé de noter dans un cahier ce que je ressentais quand je mangeais tel ou tel aliment et surtout, durant une semaine, de ne pas réfléchir du tout aux calories : j'ai envie de manger du chocolat, je le mange et je note ce que j'ai ressenti (fondant, sucré, crémeux,...). C'est ce que j'ai fait. Pour la 1ère fois, on ne me demandait pas de noter ce que je mangeais, pour décrypter et me dire si je mange bien ou pas, on me demandait ce que je ressentais quand je mange, wahou, quelle révolution ! Une semaine après je revenais avec mon cahier, j'avais mangé
exactement ce que je voulais, ce dont j'avais envie, je m'étais fait plaisir..... et j'avais perdu 6 kilos.
2 rdv plus tard, elle me confirme que je n'ai pas de troubles. Je suis simplement victime d'une vie de régime, de privations et de frustrations. Mon combat contre les aliments n'aurait pas exister sans ça. Elle m'a dit que les aliments ne sont pas de vilaines bestioles à éviter à tout prix, mais les alliés de notre santé et de notre plaisir. Son seul conseil a été : Arrêtez les régimes ! Vivez ! Dégustez ! Savourez ! Respirez !
Ces trois petits rdv m'ont fait beaucoup de bien, mais on n'arrête pas un comportement encré depuis si longtemps. J'avais 5 ans lorsqu'on m'a mis au régime pour la 1ère fois, donc autant dire que j'ai toujours eu ce rapport conflictuel avec la nourriture. Toute petite on m'expliquait bonbon = pas bien, frites=pas bien...
Le grignotage n'est pas une fatalité en soi, ce n'est pas non plus un trouble du comportement alimentaire (assimilé à un trouble psychiatrique), c'est le résultat des années de régime, c'est le résultat des années de culpabilité où on s'est dit "si tu as tous ces kilos, tu sais pourquoi, mange mieux et tout s'arrangera", c'est le résultat des années où notre estime de soi est mis à rude épreuve.
Bien sûr je ne me suis pas arrêtée là, j'ai fait de la sophro et j'ai revu un psy pendant 2 ans pour reprendre confiance en moi.
Tu as donc l'exemple de quelqu'un qui a désespérément cherché une solution à ses problèmes de poids, ailleurs que dans les régimes. J'ai eu des réponses, je suis moins fâchée avec les aliments, je sais que je ne suis pas
responsable et j'apprends à apprécier les moindres petits bonheurs.
Et pour autant, je suis là aujourd'hui, prête à me faire opérer, justement parce que je sais que ces grignotages ne sont pas que dans la tête. Mon corps est "mécaniquement" dépendant de ces petits plaisirs gustatifs que je m'octroie quotidiennement. Et, comme le ferait un ancien alcoolique, je sais que je serais,
a vie, dépendante de ce plaisir de manger.
Ce que j'attends de cette opération est de me procurer les "freins" dont j'ai besoin. Je sais que mon corps fera le reste et je sais que "ma tête" va bien. Il y a le cercle vicieux de la prise de poids, mais il y a le cercle vertueux de la perte de poids. J'ai connu la perte de poids et l'épanouissement et je ne ressentais absolument plus le besoin de grignoter. Mon plaisir était ailleurs : dans le shopping, les sorties... Plusieurs années après lorsque progressivement mes kilos sont réapparus, le plaisir de faire du shopping s'est transformé en cauchemar. Et le cercle vicieux a repris place.
On m'avait dit "tu verras quand tu travailleras, tu ne t'ennuieras plus et tu ne grignoteras plus". J'exerce aujourd'hui une profession extrêmement épanouissante et mes kilos sont toujours là, plus que jamais.
Les bonnes questions à se poser sont : pourquoi ne veux-tu pas du by-pass ?
Et si le grignotage est plus présent que tu ne le penses, comment vivrais-tu un échec de la sleeve ? A 31 ans (26 ans de bagarre, d'envie d'être bien dans mon corps), je sais que cette opération est l'opération de la dernière chance. Je ne veux pas de demi-solution. Je veux LA solution, une bonne fois pour toute, qui me permettras ENFIN d'être bien.
Voilà, voilà... j'espère n'avoir endormi personne avec ce long message (je pourrais presque le mettre dans "mon suivi"
Je comprends tes craintes, je comprends tes questionnements.
J'ai cherché pendant longtemps les réponses et je me rends compte aujourd'hui que le suivi psy m'a permis de comprendre mais ne m'a pas "guéri" puisque le corps a une mémoire et que seul on ne peut pas lutter contre ses automatismes.
Je ne vois pas en quoi cela en rédhibitoire pour une gastroplastie. De toute façon si nous en sommes tous là ce n'est pas pour rien. Je lis les histoires de chacun et beaucoup décrivent ces comportements de grignotages et le besoin de remplir (pour ceux qui ne grignotent pas mais mangent de très grandes quantités lors des repas). Nous avons de toute évidence un problème avec la gestion de l'alimentation, mais ce n'est pas pour autant un trouble du comportement alimentaire incompatible avec la gastroplastie.
N'hésite pas je me ferai un plaisir d'échanger avec toi.
Bien amicalement......
PS : la 1ère fois que je suis venue sur le forum, je t'ai trouvée tellement jolie sur ta photo, que j'ai cru que tu faisais partie des opérés qui avaient réussi à perdre leurs satanés kilos
Tu vois, comme quoi...... chacun voit midi à sa porte....